soldier of heaven {steinmar}

ENFANCE ✼ Classique, sans histoire.
Steinmar est né à Frimaria, où il a grandi jusqu’à ses seize ans. Issu d’une famille modeste, ses parents sont tous les deux dresseurs de professions et sont même allés tous les deux jusqu’à défier le Conseil 4 à Galar. Ils avaient fait les combats en duo leur spécialité, refusant de combattre l’un sans l’autre. C’est à la naissance de leur fils unique qu’ils ont abandonné la compétition et qu’ils se sont rangés. Son père a ouvert un bar-épicerie, tandis que sa mère s’est plutôt tournée vers le secrétariat. Ils n’ont jamais regretté leur choix et ont souvent dit qu’ils n’ont pas abandonné leur rêve commun ; il n’a fait que se transformer. Un optimisme sans faille dans lequel Steinmar a baigné et a fini par adopter. Un environnement sain qui a forgé le jeune homme qu’il est aujourd’hui. Il n’a jamais manqué de rien et s’en était parfois gênant. Ses parents le couvraient de beaucoup trop d’attention et au bout du compte, il n’avait pas réellement de liberté ou de vie privé. Il s’en est rendu compte tardivement, peut-être, mais son attachement à ses parents l’empêchait de dire pleinement ce qu’il ressentait et ce qu’il avait envie de faire.

ADOLESCENCE ✼ Détachement, évasion.
Partir était devenu une obsession. Les ailes protectrices de ses parents étaient étouffantes, tout comme la culpabilité de leur faire du mal. Alors Steinmar a fui. Ce n’était pas la plus courageuse des options, mais tout était prétexte de partir le plus loin possible de la maison. Les études, principalement. Steinmar a longtemps cherché quoi faire de sa vie et entre nous, il n’a pas trouvé. Il s’est bien engagé à l’école des dresseurs, à Smokebay, mais il s’est très vite ennuyé. C’est un homme d’action, pas un gentil geek derrière son fauteuil.
À trop rester inactif, couvert par Papa et Maman, il a développé une profonde envie de faire ses preuves. Pas seulement à eux, mais au monde entier. Être comparé à ses parents, à ce que le couple Styrsson était dans leur fougueuse jeunesse, n’a fait qu’amplifier ce besoin de ne pas être leur ombre. De s’en détacher. C’est dès ses seize ans qu’il s’est engagé dans l’armée. L’armée de terre. La nouvelle a été plutôt mal perçue par ses parents, qui continuaient inconsciemment à vouloir contrôler sa vie, mais avec de bons arguments il a réussi à mettre de l’eau dans leur vin.

L’adolescence ; âge de la déraison. Steinmar était apprécié et il avait tissé de solides liens avec les recrues de sa promotion. Il semblait réellement s’épanouir, même lorsque les temps étaient troubles. En revanche quant il avait une arme entre les mains, c’est comme si un tout autre homme avait pris sa place. Consciencieux, précis, déterminé, combattif ; il était apprécié par les grader car il obéissait aux ordres sans broncher, sans discuter ou sans émettre de signes d’hésitations. La raison à cela ; c’est ces terroristes qu'on appellera plus tard Boréal. Face à leurs agissements, c’était d’abord de l’incompréhension. Ça restait gérable et donc, pas si inquiétant. Au début, il n’avait pas de haine envers eux. Il se contentait de faire son boulot et il essayait de trouver les raisons de leurs motivations. Mais plus ils mêlaient des gens innocents à leur fracas, plus ce semblant de compassion s’est effrité.

Est-ce qu’ils étaient véritablement des coupables, ou plutôt des victimes de leur propre inconscience ?

On n’a jamais su lui répondre. Parce qu’ils s’en foutaient. Parce qu’ils n’avaient pas cherché. Parce qu’ils ne se sont jamais réellement posé la question. Pour ses camarades, c’étaient des criminels. Point. Des criminels à arrêter. Steinmar se faisait charrier. On le trouvait trop “gentil” avec ces types. On lui disait de faire attention. Que sur le terrain, le doute n’était pas permis. Ils avaient raison.

ÂGE ADULTE ✼ Gâché. Traumatisé.
Passer autant de temps à fuir, pour finalement revenir à la hâte chez soi. Son passage a l’âge adulte, il s’est fait dans le sang et les larmes. Il n’y avait plus que cette unique souvenir dans son esprit, comme s’il avait gommé tout le reste. Il se souvient encore de ce signal radio. Cette alerte rouge, le ton à la fois autoritaire et paniqué de son commandant, qui ordonnait à son régiment de retourner au plus vite à Frimaria. Sa mission était simple à la base, Steinmar devait juste aider à évacuer les civils. Ses parents étaient dedans. Il avait vu dans leur regard la terreur et aussi, l’espoir. Ils semblaient avoir beaucoup d’espoir en lui, alors qu’ils étaient bloqués par la foule. C’est sans doute leur regard, le pire dans ses souvenirs. Ce regard le hante. Une première explosion, mineure, avait retenti. Une détonation ratée, mais qui poussait à se hâter. Du coin de l’œil, il avait vu ces personnes masqués entrer avec les bras remplis de …

Deuxième explosion. Sa mémoire s’arrête toujours avant de tenter quoi que ce soit pour se remémorer les silhouettes. La culpabilité coupe ses souvenirs, le pousse à se concentrer sur l’essentiel. Les hurlements, sinistre refrain. Les hurlements et les cris. La terreur. La panique. Et lui, idiot. Qui ne bouge pas. Une vive douleur au bras, détaché de son corps. Une quantité effroyable de sang et se mélangeant au sien, celui de ses parents. Cadavres mutilés par les débris soufflés de l’explosion. La panique, intense, paralysait ses membres. C’est toujours plus facile, lorsqu’on n’est pas directement atteint. Ses lunettes de soleil avaient perdu l’éclat de leur reflet, à cause de ces éclaboussures ferreuses sur leurs carreaux rose-jaunâtre. Le désespoir ou l’inconscience suite au choc. Steinmar s’était éteint et pourtant, il avait continué. L’instinct de survie permet de faire des prouesses. Il avait continué pour ramasser les corps. Il voulait y croire. Il pensait qu’ils étaient saufs, mais la majorité d’entre eux était morts sur le coup.

Syndrome post-traumatique. C’est ce qui a été écrit dans son dossier, en rouge.
Il a été mis à l’arrêt et ça, il l’a pris pour une punition. À vrai dire, ses supérieurs voulaient surtout qu’il reprenne ses esprits et qu’il prenne le temps nécessaire pour se reposer, faire son deuil, aller de l’avant. Ça partait d’une bonne intention, mais ce n’est pas vraiment ce qui s’est passé. Seul, il s’est noyé dans le chagrin et dans l’alcool, jusqu’à atteindre le fond des abysses. Le silence autour de lui était pesant. Un flot de regret le noyait et chaque souvenir de ses parents, de leur affecte pour lui, était une lame tranchante. La compassion pour Boréal était morte ce jour-là. Ils lui avaient pris ce qu’il avait le plus cher au monde.

Au bout de deux mois, il a renquillé. Steinmar souriait et assurait à tout le monde que ça allait bien. Surtout à son coéquipier préféré. Celui-ci n’était pas dupe, ce n’était qu’une façade, alors il le gardait à l’œil. De cet accident, le sergent était devenu plus redoutable encore au combat. Une sorte de colère sourde, à chaque fois qu’il pressait la gâchette, sans réellement savoir contre qui la diriger.

Contre Boréal ? Contre l'ancien champion de Frimaria, qu'il a vu filer ? Contre la Ligue ? Aucune idée.
Chacun a probablement sa part du gâteau.