Læla Leifsdottir - La mer est aussi profonde dans le calme que dans la tempête

Enfant unique, tu es née dans une famille simple vivant de la terre dans de grandes serres et des forêts. La terre a toujours fait partie de la tradition familiale avec Argos, ton couaffarel doré au poil lisse, tu parcourais les grands champs à longueur de journée et apprenait à connaître les arbres et les plantes diverses que ta famille produisait. Hors de question de passer du temps à l’intérieur, toujours dehors beau temps, mauvais temps, malgré ta peau plus fragile aux rayons du soleil.

À l’école, tu es toujours dans les premiers de classe, attentive, vive d’esprit, tu as les compliments de tous tes professeurs. Serviable et patiente, tu aides aisément tes collègues étudiants. Tu t’épanouis dans cet environnement facilement apprécier de tous, mais il est rare que tu sortes pour aller passer du temps avec les autres, préférant trouver un espace tranquille dans votre vaste terre pour y lire un livre en compagnie d’Argos et aider tes parents. Même adolescente, tes parents remercient les dieux pour une jeune fille aussi calme et sensée. La crise d’adolescence ne semble pas prendre prise sur toi, tu ne cherches pas à plaire aux autres, sûr de toi, tu ne vis pas de crise existentielle comme tu ne cherches pas ce que tu aimerais faire, tu le sais déjà. La nature est probablement l’amour de ta vie, alors c’est ce que tu étudieras.

Tu pars étudier à l’étranger, tes bons résultats, ton attitude, ton implication t’on valu une place dans une université prestigieuse à l’étranger. Tes parents te laissent partir avec une larme à l’œil, mais tu promets de revenir à la fin. Après tout, les grands espaces et la nature de Netovia sont décidément ton grand amour. Tu décides d’étudier pour aider à préserver et améliorer celle-ci.

À l’étranger, tu vis de belles années et tu rencontres inopinément une cousine. Tes parents n’ont jamais parlé de la famille éloignée, tu as souvent vu tes grand-parents maternels, mais tes grand-parents paternels n’ont jamais été présent. Tu avais posé une question quand tu étais enfant, mais ton père t’avait rapidement fait comprendre qu’ils n’en parleraient pas. Alors tu n’avais plus jamais abordé le sujet. Mais voilà que se trouvait ici une cousine du même âge que toi avec qui tu partageais des classes. Vous avez facilement connectée, malgré l’étrangeté initiale de votre relation et découverte subséquente. Un support durant les études universitaires difficiles, une aide pour étudier et lancer des questions de révisions pour les examens. Vos domaines d’étude diffèrent et se ressemblent, amenant une nouvelle ouverture d’esprit. Tu lui parles souvent de Netovia, de ta maison familiale, des grandes terres et des multiples serres, des employés et d’Argos. Tu penses que tu attises son intérêt, elle est aventureuse et ne se posera pas de sitôt par suite des études, mais peut-être viendra-t-elle visiter un peu? Toi non plus, tu ne penses pas poser tes racines nulle part de sitôt, tu veux visiter ton pays et peut-être ailleurs. Ton niveau universitaire t’ouvre de multiples portes.

Sauf que le futur ne réserve pas toujours du bonheur et ta vie a été facile, aisée jusque-là. Tu retournes chez tes parents à la suite de tes études et tu apprends rapidement que ta mère est diagnostiquée avec un cancer. Les plantes de vos précieuses serres donnent de moins en moins de fruits et légumes. Tout de même, tu mets la main à la pâte pour aider chez toi, mais le cancer est virulent et emporte ta mère. La terre est malade aussi et lentement, les serres luxurieuses se dessèchent. Ton père tombe malade à son tour, il y a une toxine dans son sang, forte, étrangère… Il meurt aussi. La maison est grande sans tes parents. Au moins, il te reste Argos. Tu trouves un travail en laboratoire pour un temps et, avec la permission de tes supérieurs, tu conduis quelques expériences sur la terre chez toi. La terre est contaminée et la cause est la grande compagnie qui s’est installée à côté de votre terre et qui contamine lentement l’environnement depuis des années. Tu avais neuf ans quand ils sont installés, donnant espoir au village tout près d’un meilleur futur, mais ils ne t’ont apporté que la mort à toi. Parce que c’est Argos qui est malade maintenant et les docteurs pokémons que tu consultes n’ont qu’une réponse. Des médicaments pour atténuer le mal jusqu’à la fin du pauvre couaffarel. Tu ne peux pas supporter la vision du chien autrefois si vivant et heureux, maintenant émacié, au poil laid, mince et cassant, sans énergie. Tu optes plutôt pour l’euthanasie. Le pauvre ne mérite pas de vivre en souffrance. Tu l’accompagnes jusque dans ses derniers moments.

À ton retour à la maison, cette dernière est belle et bien vide. Il reste des signes de vie d’antan, mais avec uniquement toi dans cet espace si grand... Tu t’étouffes presque sur tes émotions, incapable de faire quoi que ce soit, tu t’effondres, tu n’as aucune idée combien de tu restes là, sur le plancher, une journée ou des semaines, mais tu te relèves. Tu peux te battre, tu peux faire une différence encore, n’est-ce pas? Tu as étudié et travaillés.

Alors tu te lèves pour aller mener un combat, un combat de papiers et d’études et de rapports. Tu tentes d’amener la grande compagnie à admettre ses torts. Tu n’es pas la seule à avoir souffert, mais les corporations et le capitalisme sont plus fort qu’une seule personne. L’affaire est étouffée et c’est des mois plus tard, sur le porche de ta maison esseulée et les terres mourantes que tu te trouves quand tu sens la terre tremblée et tu vois dans la distance une bâtisse s’effondrer au sol dans un nuage de poussière et une autre prendre de sérieux dommages. Puis les tremblements se déplacent vers toi et tu vois la terre se soulever. Tu pars à la course après. Tes souliers ne sont pas adaptés, mais tu cours aussi longtemps que tu peux après ce raz-de-marée de terre. Tu le perds de vue et t’effondre de nouveau. À bout de souffle, incapable de continuer ou retourner, tu restes de nouveau stagnante, inutile. Quand la terre se soulève devant toi et tu tombes face à face avec onix. Le pokemon porte des traces d’attaque, mais il se tient grand et imposant devant toi. Ses yeux possèdent une teinte que tu connais très bien, tu la vois chaque matin dans ton propre regard dans le miroir. onix aussi a perdu des siens aux frais de la grande compagnie et si toi tu n’as pas pu obtenir justice, onix s’est fait sa propre justice. Il n’a peut-être pas mis la grande compagnie à terre, mais il a su porter un coup, ce que tu as été incapable de faire. Tu le comprends et l’envie. C’est une âme sœur dans votre douleur commune, un lien s’est formé entre vous ce jour-là et vous ne vous êtes plus quitté.

Tu retournes dans cette maison vide, sur cette terre morte et regarde la désolation quand tu prends la décision de mener ton combat à bien, coûte que coûte. Tu vends la propriété, maintenant détruite par des années de négligence des autres. Tu trouves un nouveau travail en ville, payant, tu achètes un grand condo luxurieux et tu travailles pour tenter d’amener un changement sans jamais y arriver. Ta rage monte en toi, mais tu restes calme jusqu’au jour où une personne semble voir à travers toi et te propose de rejoindre un mouvement qui amènera un véritable changement. Ses paroles résonnent en toi et ton souvenir de Terra (onix) qui attaque la grande compagnie par ses propres moyens te revient en tête. Tu n’hésites pas et acceptes.

Ce qu’il s’est passé entre ton assentiment et ton arrivée sur le glacier, tu l’ignores, mais tu te trouves maintenant à la merci des éléments avec uniquement Terra et un sac d’équipement sommaire. Tu sais survivre, du moins en théorie, mais tu n’y jamais été confronté aussi concrètement. Tu prends sur toi le sac et commence à marcher dans une direction, avant de finalement sortir Terra de sa pokeball pour qu’elle t’aide. Onix est un pokemon pouvant se déplacer sous terre, sans soleil ou étoile, il y aurait apparemment dans leur tête un aimant pour les aider à se repérer. Terra était ta meilleure solution. Tu grimpes sur son dos et elle te mène à travers le glacier vers le seul abri disponible. Là, tu ne racontes à personne ce qu’il s’est passé, mais tu ressors de cette aventure avec une coupure à la main, une pierre cristallisée du même bleu que tes yeux et une nouvelle détermination pour le futur.

À ton retour, rien ne change vraiment au début, mais tu fais façonner la pierre en un joli collier. Pour qui demande, c’est un héritage de tes parents que tu n’avais pas été capable de porter jusqu’à récemment. Tu continues ta vie, sauf qu’à l’occasion, tu réponds à l’appel de tes compères. Tu sais que le monde ne se réveillera pas sans une alarme brutale maintenant et s’il faut pour cela que certains payent le prix ultime, tu n’y vois pas, ou plus, de problèmes. Une certaine paix s’est posée sur toi avec ta nouvelle détermination ce jour dans le glacier. La vie semble plus facilement désormais. Tu travailles toujours, mais à chaque nouvel attentat, tu gagnes de nouveaux arguments pour faire valoir un changement durable pour la nature et les pokémons. Ton chemin n’est peut-être pas le plus moral, mais il est certainement le plus efficace.